"Django Unchained", western kitsch et BD
Le dernier film de Tarantino, "Django Unchained", s'inscrit dans la ligne de certains de ses films précédents ("Reservoir Dogs", "Kill Bill"), avec un petit pas vers le "No country for old men" des frères Coen. C'est le genre du western qui me fait parler ainsi : Tarantino s'en donne à coeur joie dans la violence de l'hémoglobine et des chemises et des pantalons déchiquetés par les chevrotines, en gros plans, c'est permis par le genre, ici totalement assumé.
A côté de ce déchaînement un peu kitsch, qui est la marque de fabrique de Tarentino, on retrouve aussi les lettrages en surimpression de la BD, grosses lettres rouges ou jaune vif qui traversent l'image, nous faisant changer de séquence temporelle et/ou spatiale, comme dans un album du 9e art...
Autres motifs de jubilation : l'extravagance du personnage de Dr Schultz, faux dentiste et vrai tueur à gages, aux manières et au langage courtois détonnant dans l'Ouest américain, et la grandeur du personnage de Django, beau Noir au dos zébré par le fouet, incarnation de l'esclave devenu libre et cherchant sa bien-aimée -et sa revanche. Le sens du spectacle de Tarantino fait le reste : costumes du XVIIIe siècle, lunettes d'extra-terrestre, chapeaux, cuirs, sueur de l'Ouest américain... Toutes les scènes sont orchestrées au millimètre et à la seconde près, et le suspense atteint son comble avec l'entrée en scène du personnage de Mister Candy, de la plantation de Candyland (réminiscences de contes pour enfants un peu sadiques)...
Du Texas au Mississipi, un beau tandem étonnant, l'Allemand blanc et l'esclave libéré, tous deux sauvant leur peau grâce à leur maniement de la gachette...