Masculin/masculin : un thème délaissé remis sur le devant de la scène

Le nu masculin, un thème récurrent dans les Beaux-Arts, mais méconnu, ou plutôt délaissé en tant que tel… Habituellement, c'est le nu féminin qui est privilégié, plutôt sous la thématique de l'érotisme. Des expositions mettant en scène l'érotisation du corps, surtout féminin, il y en a eu par le passé (au moins "Picasso érotique" en 2001 au musée du jeu de Paume), et il y en a régulièrement, que ce soit dans les domaines de la photographie, de la peinture ou des arts graphiques.

L'exposition du musée d'Orsay, "Masculin/Masculin, L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours", fait le point sur les différents aspects du nu masculin, entre esthétisme et provocation, entre tradition et modernité, en passant par l'art religieux et les différents mouvements qui, à partir du classicisme, font du corps un objet d'étude, puis un objet de douleur avec le symbolisme et post-symbolisme. Le parcours thématique de l'exposition permet les rapprochements les plus saisissants : Gustave Moreau, Egon Schiele, Pierre et Gilles et leurs célèbres photographies peintes, Lucian Freud, Hippolyte Flandrin ("Jeune homme nu assis au bord de la mer, 1836), Francis Bacon, Edvard Munch, pour finir avec les tableaux de la représentation homosexuelle de Paul Cadmus et David Hockney. Parmi mes tableaux préférés figurent ceux des néoclassiques, où l'amitié virile cède le pas à l'amour androgyne ou homosexuel, "Apollon et Cyparisse" de Claude-Marie Dubufe (1821) et "La mort d'Hyacinthe" de Jean Broc (1801).

On est touché par ce voyage en pays de nudité masculine qui, depuis le ravissement ressenti devant le "David" de Michelangelo au Palazzo dei Uffizi à Florence, m'avait toujours semblé au moins aussi intéressant que les nus féminins.