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Fiction et Critique, par Sylvie Ferrando
29 septembre 2013

"Lucrèce Borgia" à l'Athénée, hymne à l'amour maternel

L'un des drames romantiques de Victor Hugo dont une femme est l'héroïne, "Lucrèce Borgia", pièce en prose pleine de bruit et de fureur, mise en scène par Lucie Bérélovitsch, avec Marina Hands dans le rôle titre, n'est-elle pas, plus qu'une pièce sur la débauche, proche d'un "Lorenzaccio" de Musset, une pièce sur l'amour maternel ?

C'est, en effet, le fil directeur et le ressort psychologique qui, de bout en bout, motivent les discours et les actes de ce personnage habile et torturé qu'est Lucrèce, reléguant presque au second plan la malédiction, la honte, le lucre et la luxure attachés au nom et à l'histoire de l'illustre famille Borgia dont elle est issue et les intrigues politiques de l'Italie de la Renaissance, entre les puissances de Venise et de Ferrare.

Une femme, Lucrèce, à laquelle sa réputation de femme incestueuse et dépravée colle à la peau comme un masque de carnaval, affronte sept ou huit hommes, dont son mari, tous bretteurs, débauchés ou espions dans la ville de Venise, puis de Ferrare où se clôt tragiquement l'intrigue, autour du vin, du poison et d'un antidote dont on ne sait s'il est un remède ou un poison. L'affrontement cède le pas à la recherche, en secret, de l'amour d'un jeune capitaine, Gennaro. Les décors sombres et les lumières fluorescentes du porche des Borgia servent la mise en scène, violente et trépidante. Le texte d'Hugo est, selon sa conception du drame romantique, à la fois grotesque et sublime. On rit parfois de l'habileté rhétorique et de l'humour des répliques des personnages.

L'une des scènes les plus émouvantes de la pièce et sans conteste la scène de séduction entre Dan Artus (Don Alphonse, le quatrième époux de Lucrèce, duc de Ferrare) et Marina Hands, pendant laquelle l'enjôleuse femme cherche à sauver la vie de Gennaro, qui a supprimé le B du nom Borgia, ne laissant que l'orgie, jeune capitaine dont on devine qu'il est le fils qu'elle a enfanté d'un inceste avec son frère Jean.

Belle et admirable Marina Hands, qui passe tour à tour de la fureur d'une Médée à la douceur d'une Juliette, à la fois victime de la noirceur de sa lignée et manipulatrice orchestrant le destin des hommes...

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