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Fiction et Critique, par Sylvie Ferrando
21 décembre 2014

Quelques réflexions sur l'ouvrage de Zemmour

Quand je lis un roman, un essai ou une biographie, je ne me préoccupe en général pas de façon prioritaire de la biographie de son auteur, pour m'attacher au texte, à son contenu, à son style. Si j'adoptais le point de vue biaisé et quelque peu moralisateur qui consiste à repérer a priori le visage de l'auteur dans ses propos, je n'irais plus voir un seul film de Polanski depuis sa condamnation pour viol ni un seul film de Woody Allen, qui lui aussi a eu maille à partir avec la justice à propos d'attouchements sur mineur (si l'on peut comparer l'indice de malaise généré par ces comportements à la situation actuelle de Zemmour en France).

C'est pourquoi j'ai mis de côté, autant que faire se peut au milieu du tourbillon médiatique propulsant Zemmour au rang d'icône, mes possibles réticences et probables à prioris, d'ailleurs pas toujours complètement explicites, et abordé son ouvrage d'un oeil le plus neuf possible.

Et donc voici quelques réflexions qui me sont venues à l'esprit pendant la lecture de ces quelque 500 pages, dont j'ai apprécié les chapitres concernant l'évolution de la sociologie du couple et de la famille, le statut de Paris ville-monde, au milieu d'une mondialisation devenue globalisation, et également, j'assume mon âge et les goûts de ma génération, les remarques sur la musique -rap, hip-hop, slam-, l'évolution du droit des prénoms et, plus largement, la réflexion sur l'assimilation à la française qui, depuis les années 1960, a été mise à mal, sans que pour autant le modèle du melting pot américain semble plus pertinent. N'ayant pas de formation en sciences politiques, j'aurais du mal à porter un jugement sur l'ensemble des pages qui traitent de politique intérieure (si ce n'est qu'elles sont relativement mal écrites, comme un journaliste (!) sait le faire, c'est-à-dire avec une succession de petits paragraphes sans liens entre eux).

Alors, Zemmour pessimiste ? Oui, sans doute, il transmet l'impression que la France a atteint un point de non-retour, perdue dans le maelstrom du droit européen, dont l'Allemagne serait la grande gagnante, et de l'immigration non régulée, non légiférée.

Zemmour rétrograde ? Je dirais qu'il a dans certains cas le courage d'écrire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, y compris les enseignants qui, comme moi à au moins deux reprises, se sont trouvé confrontés à une mission d'enseignement laïque impossible à tenir, dans des quartiers tenus par des communautés qui rendent l'éducation et la transmission des compétences en partie caduques, épuisant les forces vives des professeurs et des éducateurs à des tâches qui relèvent d'autres acteurs sociaux, et les conduisant à une forme de honte de leur métier et d'inversion des valeurs. Oui, la laïcité est parfois galvaudée dans les écoles et dans les collèges, voire foulée aux pieds : à trop prendre en compte les difficultés et les différences on peut en oublier qui on est et ce qu'on représente.

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